Marraine de l’édition 2023
Ancienne championne du monde de boxe, écrivaine, comédienne et réalisatrice.

Aya Cissoko est pleine de vies, c’est le cas de le dire. Toutes ses vies à elle, d’abord, et elle en a déjà connues plusieurs, mais aussi les vies des autres : sa famille, sa lignée, les présents et les absents.

Née à Paris en 1978, elle est élevée par ses parents, arrivés quelques années auparavant du Mali, dans un petit appartement du 20e arrondissement. Elle n’a que huit ans lorsque son père et sa sœur meurent brutalement lors de l’incendie criminel de leur immeuble, puis lorsque, quelques mois plus tard, son petit frère décède à son tour d’une méningite.

Dans ce contexte difficile, c’est la mère d’Aya Cissoko qui devient son pilier, et qui décide, pour donner un cadre et des objectifs à sa fille, de l’inscrire à des cours de sport, et plus spécifiquement de boxe française.

Très vite, Aya Cissoko se découvre le goût de vaincre. Elle débute la compétition dès l’âge de neuf ans, et commence rapidement à se distinguer : elle est d’abord sacrée championne de France et double championne du monde de boxe française, puis, après avoir décidé de changer de discipline, devient la même année championne de France, d’Europe et du monde de boxe anglaise.

Ce parcours est interrompu par un coup du sort : lors d’un combat, son adversaire lui brise une cervicale. Aya Cissoko ne pourra plus boxer. Une fois de plus, il est temps pour elle de se réinventer.

Après un master à Sciences Po, elle écrit – à quatre mains avec Marie Desplechin – son premier livre, Danbé, publié en 2011, et dans lequel elle se raconte à travers son cheminement d’enfant, d’adolescente et de sportive. En 2016 paraît son deuxième ouvrage, N’ba, consacré à la figure tutélaire de sa mère. Aya Cissoko conclut enfin cette saga familiale en 2022 par Au nom de tous les tiens, où elle s’adresse cette fois-ci à sa fille, en retraçant pour elle la double histoire dont cette dernière est issue : celle des guerriers bambaras du Mali, et des Juifs déportés à Auschwitz.

Aya Cissoko a également participé en tant que comédienne à plusieurs projets théâtraux, dont Ravissement de Vanessa Bonnet en 2018 et Sur la route d’Anne Voutey. En résidence à la villa Albertine à la Nouvelle-Orléans d’octobre à décembre 2022, elle prépare actuellement un court-métrage consacré à la boxe et à la musique comme armes de résistance face à la déshumanisation.

« Voilà ce que je veux dire à ma fille : tu es faite de l’histoire de France et de celles de tes ancêtres venus d’ailleurs. Toutes sont légitimes et peuvent cohabiter harmonieusement. Ne cède pas aux injonctions qui veulent que tu choisisses. »
Aya Cissoko

Infos auteur :

Focus Au nom de tous les tiens (Seuil, 2022)

Quand Aya Cissoko était jeune, sa mère ne cessait de lui répéter : « Tu n’es pas l’enfant de rien ni de personne ! ».
Devenue mère à son tour, l’autrice s’adresse à sa propre fille, issue d’une double lignée à l’histoire violente et douloureuse, celle de guerriers bambaras du Mali qui ont affronté la colonisation, et de juifs ashkénazes déportés à Auschwitz.
Au nom de tous les tiens est un ouvrage politique et sensible. Ecrire est nécessaire pour donner du sens à la vie et la mort, dénoncer les difficultés de la condition noire.

L’ascension sociale, si elle éloigne de la pauvreté, ne protège pas des préjugés, Aya Cissoko ne veut oublier ni les siens, ni d’où elle vient.

 

 

Aya Cissoko au sujet de son livre Au nom de tous les tiens (Interview sur France Inter)

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